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un brin de causette
22 mai 2010

En finir avec le couple ...

A l'occasion de la parution du livre En finir avec le couple : la méthode miracle, ARTE et le magazine Causette vous ont proposé d'écrire la meilleure nouvelle sur le thème de la rupture.
Un jury composé de journalistes ARTE / Causette et d'éditeurs a sélectionné la meilleure nouvelle
.

Le texte gagnant a  été publié au Salon du Livre Parisien et en voici la substantifique moelle:

"Il est heureux qu’au dernier moment, par la grâce d’un judicieux réflexe, il ait évité la poêle à frire.

N’ayant pu atteindre sa cible, cette dernière s’est fichée dans l’immonde mur de plâtre défraîchi, tenant toute seule, telle la petite cuillère moyenne dans son pot de Flamby. Il a d’abord regardé vers le mur avec l’air du gars qui peine à avaler une boule de pétanque, puis vers moi avec le regard dégoulinant d’une profonde incrédulité. Mais moi, je suis désolée, les gens qui vous lancent un joyeux « on reste ami, hein ? » dans une cuisine cradoque, au milieu de vieilles poubelles et d’un tas de vaisselle dégoulinant des restes de cassoulet de la veille, ça me donne des envies de décapitation au Téflon.

J’ai toujours su, toutefois, que l’homme n’était pas du genre à manquer se faire exploser la face sans répliquer. Pas tout à fait Gandhi-style, en somme. C’est pourquoi je n’ai pas été le moins du monde surprise qu’il attrape la cafetière Nespresso avec la dextérité du cobra royal pour me la balancer en pleine tronche. Le gras de mon épaule n’a pas suffi à amortir le choc, et je me suis retrouvée projetée contre le micro-ondes, lequel a émis un douloureux craquement. Et comme c’était le micro-ondes que j’avais acheté avec MES deniers chez Conforama, ça m’a un tantinet énervée. J’ai donc opéré direct un retour à l’envoyeur : la cafetière en plein dans la trombine, et le micro-ondes (foutu de toute manière) dans le bidon. Il s’est affalé sur les carreaux –sales – de la cuisine, et avant même qu’il ait le temps de se relever, je lui ai renversé le frigo américain dessus.

A partir de ce moment là, je dois avouer que je me suis sentie d’humeur plus compatissante. Je suis comme ça moi, j’ai un petit coeur en Chamallow, je ne peux rester de insensible à la vue d’un mec écrasé sous un réfrigérateur, et comme le dit ma mère, c’est pour ça que je me fais toujours bouffer jusqu’aux rognons par les hommes. Gentiment, je me penche vers lui, je m’inquiète, « ça va connard ? » je lui demande… Et quelle récompense ? L’homme se dresse, tel un vélociraptor assoiffé de violence, m’attrape par le collet et me balance gaiement au travers la vitre.

L’atterrissage est un peu rude, parce que six étage ça commence à faire haut, mine de rien. Surtout que quelques secondes plus tard, il m’atterrit sur le ventre, ce qui est malvenu car la tartiflette que j’ai avalée à midi a du mal à passer. Suite à un tel affront, vous comprenez bien que je n’avais d’autre choix que de le pousser sous le bus 72 qui passait inopinément. Ca m’a bien fait rigoler, d’ailleurs, de voir la trace de pneu qu’il avait sur la joue quand il s’est relevé. Le garçon, lui, était plutôt en mode « tu l’emporteras pas au paradis ». Il a tendu ses mains ouvertes, droit devant lui en beuglant « KAMEHAMEHAAAAAAAAAAA ! ». Je me suis mangé la boule d'énergie dans le caisson, mais, grâce au ciel, une petite vieille qui traînait dans le coin a amorti ma chute, cinq-cent mètres plus loin.

Il a ensuite appelé son nuage magique et commencé à filer à travers le ciel parisien. Les hommes sont comme ça : leur lâcheté m’étonnera toujours. Ni une ni deux, je me suis lancée à sa poursuite, en volant, parce que je ne voudrais pas me vanter mais MOI, je n’ai PAS besoin de nuage magique ! C’est vers l’Arc de Triomphe que j’ai commencé à vraiment le talonner de près, gagnant du terrain tandis que nous survolions les Champs Elysées. Hop, niveau Champs Elysées-Clémenceau, j’ai attrapé sa cheville. La lointaine silhouette de l’Obélisque m’a donné une idée de génie : je l’ai entraîné à cent mètres au dessus du monument, puis nous avons entamé une spectaculaire plongée digne d’un toboggan de l’Aquaboulevard (les raides, ceux interdits aux moins de 12 ans, of course). Son petit torse musclé a fait un bruit de ballon qui se dégonfle, quand la pointe de l’Obélisque s’est enfoncé dedans.

Alors que je m’éloignais vers l’entrée du jardin des Tuileries pour m’acheter une glace kiwi-cassis, je l’ai entendu m’appeler « reviens Violette, je t’aime. La peur de l’engagement m’a poussé à rompre, mais je ne peux pas vivre sans toi ». Là, je dois avouer que…
(Très chers lecteurs, il vous appartient désormais de voter par texto, pour choisir la fin de cette bouleversante histoire. Pour l’option « fin tragique », tapez 1, pour l’option « réconciliation larmoyante », tapez 2. )
Option 1 : … j’ai trouvé ça tellement cucu-la-praline que j’ai décidé de l’envoyer déblatérer ses idioties plus loin. C’est un fait peu connu, mais l’Obélisque n’est pas particulièrement bien fixé à son socle, ce qui m’a permis de l’envoyer tranquillement au fonds de la Seine pour qu’il tape la discute aux poissons et aux carcasses de Velib’. Puis je suis rentrée joyeusement à la maison pour nourrir Léopold, mon toucan domestique.
Option 2 : … mon coeur à fondu comme du caramel au beurre salé sous la canicule. « Epousemoi», il a ajouté, tout dégoulinant de sang. J’ai trouvé ça tellement trognon que je suis allée lui rouler une grosse pelle, que je l’ai désempalé. Puis on est rentré joyeusement à la maison pour faire un clafoutis."

Aurélie Gerlach


L'heureuse élue se voit offrir la panoplie complète du néo-célibataire :

  • le coffret DVD des Invincibles
  • la méthode miracle pour "En finir avec le couple"
  • La montre ODM des Invincibles (la vraie !)





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